SUBTIL BÉTON
les Aggloméré·e·s

Un roman d’anticipation fabriqué à plusieurs mains.

Chapitres inédits

Attention ! Cette rubrique dévoile des éléments importants de l’intrigue de Subtil Béton. Pour préserver le suspens du roman, nous vous conseillons de ne pas parcourir ces pages avant d’avoir fini la lecture du livre…

Un rêve

Onik, suite à sa cavale avec Akram et Pedro, s’endore enfin, et plonge dans un rêve…

ONIK

cette nuit-là, onik plonge dans un rêve pénible | elle est avec akram, pedro et vinyl, illes roulent sur un chemin de campagne | illes fuient tou’te’s les quatre parce qu’on l’a dénoncée au restaurant pour vol de poisson | la route est pleine d’ornières et illes tiennent des sacs de saumons sur leurs genoux | leurs visages se reflètent dans les flaques d’eau quand illes regardent à l’extérieur | elle a l’impression d’avoir des yeux de poissons mais il est difficile de bien voir car les cahots de la piste secouent la voiture et brouillent les images dans les flaques | vinyl a une arme | les sacs de poissons débordent de extraits-non-publies-lapinpartout, il faut bien tous leurs bras pour les contenir, pour éviter qu’ils ne se répandent | onik se dit qu’elle doit téléphoner, elle ne sait plus pourquoi, mais elle doit le faire | elle doit trouver un combi qui n’est pas sur écoute, ou une cabine téléphonique | mais elle n’a aucune idée de ce à quoi ressemble une cabine téléphonique | vinyl fait mécaniquement cliqueter son arme pour s’assurer qu’elle n’est pas grippée | et soudain, onik réalise qu’elle est seule avec pedro et elle ne sait plus comment dire qu’elle a mal au ventre, qu’elle se sent triste et irritée mais que c’est juste ses règles, rien de grave | il faut s’arrêter pour qu’elle se lave, parce que ça coule entre ses jambes et sur les sacs de poissons | pedro ne la voit pas | elle prend sa main | il la regarde gentiment mais ne comprend pas ce qu’elle veut, il pose le doigt sur ses lèvres pour lui intimer le silence, comme si ça allait suffire pour que les flics ne les voient pas | après, elle tire avec l’arme et il faut fuir à nouveau parce que le fil d’info dit que vinyl a tué l’un des gendarmes et blessé grièvement l’autre | illes courent longtemps, sautent par dessus les flaques, enjambent les haies et rampent dans les taillis | illes traversent même un petit étang à la nage, se remettent à courir, sans parler, sans reprendre leur souffle | course interminable | pedro fait sauter son arme d’une main à l’autre tout en courant, très concentré | elle serre elle aussi un flingue froid dans sa main.

 

 

onik se réveille en nage, noyée d’angoisse à l’idée que ses ami’e’s découvrent son passé honteux, encore et toujours | elle a ses règles | les premières depuis six mois, « ménopause précoce » selon le médisoin | assise dans son lit, elle souffle et hésite de longues minutes, puis s’approche de pedro, le réveillant par petites tapes sur l’épaule pour lui formuler une explication confuse, comme elle le faisait petite | besoin de retrouver le sommeil après un cauchemar ou une insomnie, en se blottissant contre le corps chaud et ensommeillé de la mère.

 

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